Art public : briser l’isolement et mutualiser nos ressources

Tiré de Érathèma, un projet finaliste dans le cadre du programme d’intégration des arts à l’architecture

Ou ce que j’aurais aimé trouver lors de mon premier concours

Pourquoi documenter cette pratique et ouvrir la discussion

Je viens de mettre en ligne une nouvelle section Art public sur mon site. J’y regroupe des projets réalisés dans le cadre de politiques d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement, de commandes municipales ou de programmes d’art public. Si j’ai choisi de créer cette section distincte de mes autres projets artistiques, c’est parce que l’art public obéit à des réalités bien particulières. Les contraintes sont différentes, les responsabilités sont immenses, les budgets structurés autrement, et surtout, les enjeux humains, techniques et logistiques sont omniprésents.

Et je le dis franchement : même après plusieurs projets, chaque mandat en art public demeure exigeant.

Le stress du premier concours

Je sais à quel point un premier projet d’art public peut devenir anxiogène. On reçoit notre première invitation, on est heureux, fier, enthousiaste… puis très vite arrivent les questions :

  • Qui peut fabriquer telle pièce?

  • Quel atelier est fiable pour tel matériau?

  • À qui faire confiance pour l’installation?

  • Quelles erreurs éviter?

  • Qu’est-ce que je devrais savoir avant de signer?

  • Comment monter mon dossier de présentation?

Ces questions, je me les suis posées. Comme beaucoup d’artistes, j’ai souvent dû apprendre sur le tas, parfois dans l’urgence, parfois à mes dépens. J’ai aussi eu la chance d’être entourée d’ami·es artistes qui ont généreusement pris le temps de répondre à mes questions, de partager leurs expériences et de m’orienter lorsque tout semblait flou. Cette solidarité a fait une réelle différence dans mon parcours.

Briser l’isolement

Le milieu de l’art public est paradoxal. On y travaille pour le collectif, pour des lieux partagés, pour des communautés, mais on reste souvent très seul dans le processus. Je crois sincèrement qu’il serait avantageux de mutualiser nos ressources et nos expériences. Non pas pour uniformiser les pratiques, mais pour alléger la charge mentale, faciliter la phase de création et surtout pour les artistes qui débutent dans ce type de projets.

Vers un premier répertoire de fournisseurs?

Je lance donc ici une idée, encore en réflexion. Peut-être que ce répertoire existe déjà, mais s’il existe, il est bien caché, car je ne l’ai jamais trouvé. Et si nous commencions à bâtir, ensemble, un premier répertoire de fournisseurs liés à l’art public?

  • Des ateliers de fabrication.

  • Des entreprises spécialisées en aluminium, en verre, en vinyle, en bois.

  • Des personnes fiables pour l’installation.

  • Des services de dessin et de modélisation 3D.

  • Des ressources en éclairage, en réalité augmentée, en impression spécialisée.

Un répertoire vivant, basé sur l’expérience réelle des artistes. Les besoins varient énormément d’un projet à l’autre, et il est essentiel de trouver des fournisseurs qui comprennent le processus artistique, qui ont une sensibilité créative et qui saisissent la réalité parfois lourde des programmes d’intégration de l’art à l’architecture.

Entre une maquette acceptée et une œuvre déployée, plusieurs mois, voire des années, peuvent s’écouler. Cette temporalité particulière demande de la compréhension, de la flexibilité et une capacité à accompagner les projets sur le long terme.

Partage, mentorat et entraide

Au-delà des fournisseurs, je crois aussi beaucoup à la valeur du mentorat et du partage d’informations. C’est une posture que j’applique depuis le début de ma pratique : je travaille en quelque sorte en données ouvertes, en partageant volontiers mes méthodes, mes outils, mes réflexions et mes apprentissages.

Savoir à quoi s’attendre lors d’un premier chantier, comprendre les étapes, anticiper les pièges, poser les bonnes questions dès le départ… tout cela peut faire une énorme différence.

Cette nouvelle section Art public est pour moi une façon de mieux documenter ce volet de ma pratique, mais aussi une invitation à ouvrir la discussion. Tu débutes et tu te poses mille questions? Sache que tu n’es pas seul ou seule, je m’en pose encore beaucoup.

Si tu trouves mon idée de mutualisation pas trop bête et que tu as envie de partager des ressources, des conseils ou simplement ton expérience, jasons. Parce que l’art public, ça se fait rarement seul.

Tu peux me contacter si tu as envie de poursuivre la discussion.

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